L’Australie annule le contrat de 12 sous-marins français
Coup dur pour l’industrie française de défense : le gouvernement australien vient d’annoncer sa décision d’arrêter le programme de sous-marins de classe océanique « Future Submarine Program » conduit par Naval Group et ses partenaires dont Thales.
Rappelons que le gouvernement australien avait choisi au printemps 2016 Naval Group (ex-DCNS) comme partenaire international privilégié pour la conception des 12 futurs sous-marins de la marine australienne. Pour l’industrie française, ce contrat devait in fine, représenter quelque 8 milliards d’euros. La livraison des sous-marins était prévue à partir de 2027.
Naval Group prend acte de la décision des autorités australiennes de se doter d’une flotte de sous-marins nucléaires en collaboration avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni suite à leur revue capacitaire globale. « Depuis cinq ans, les équipes de Naval Group en France comme en Australie, et celles de nos partenaires, se sont pleinement mobilisées. Elles ont donné le meilleur d’elles-mêmes et Naval Group a honoré tous ses engagements. L’analyse des conséquences de cette décision souveraine australienne sera menée avec le Commonwealth d’Australie dans les jours à venir », prévient le groupe naval.
De son côté, Thales est concerné financièrement par ce programme à 2 niveaux : en tant que fournisseur de certains sous-systèmes à Lockheed Martin, et en tant qu’actionnaire à 35% de Naval Group.
Au 30 juin 2021, les contrats en carnet avec Lockheed Martin ne sont pas significatifs à l’échelle de Thales, puisqu’ils représentent un montant de moins de 30 millions d’euros, soit moins de 0,1% du carnet de commande total à la même date (34,6 milliards d’euros), précise le groupe français.
De plus, Thales n’anticipe pas d’impact significatif de cette annonce sur l’EBIT du Groupe en 2021 par le biais de la contribution de Naval Group (2019 : 65 millions d’euros, soit 3% de l’EBIT de Thales, 2020 : 22 millions d’euros, soit 2% de l’EBIT de Thales).
En conséquence, Thales confirme l’ensemble de ses objectifs financiers pour 2021 : un ratio des prises de commandes rapportées au chiffre d’affaires (book-to-bill) supérieur à 1 ; un chiffre d’affaires compris entre 15,8 et 16,3 milliards d’euros ; une marge d’EBIT comprise entre 9,8% et 10,3%.
Thales confirme également ses perspectives à moyen terme aussi bien pour le secteur Défense & Sécurité (croissance organique annuelle du chiffre d’affaires de 4 à 6%, marge d’EBIT entre 12 et 13%) que pour l’ensemble du groupe (marge d’EBIT de 12% à moyen terme)
« C’est une décision contraire à la lettre et à l’esprit de la coopération qui prévalait entre la France et l’Australie, fondée sur une relation de confiance politique comme sur le développement d’une base industrielle et technologique de défense de très haut niveau en Australie », dénonce, dans un communiqué, le gouvernement, pour qui « cette décision regrettable ne fait que renforcer la nécessité de porter haut et fort la question de l’autonomie stratégique européenne ».