
Les Etats-Unis veulent 50% de la production de puces taïwanaises, Taipei dit non !

Répondant aux affirmations d’Howard Lutnick, qui a évoqué des discussions avec Taipei concernant un partage de la production de puces à parts égales entre les deux pays, la vice première ministre taïwanaise Cheng Li-chun a déclaré ne pas avoir abordé le sujet avec Washington et que son gouvernement refuserait de telles conditions.
Bien décidé à réduire drastiquement sa dépendance vis-à-vis de Taïwan en matière de semiconducteurs, l’administration Trump fait preuve d’une imagination débordante pour arriver à ses fins. Ce week-end, à la télévision américaine, Howard Lutnick, le secrétaire américain au Commerce, a indiqué avoir évoqué avec la vice première ministre taïwanaise Cheng Li-chun, en déplacement à Washington, la possibilité d’un transfert sur le sol américain de la moitié de la production des puces taïwanaises.

© Department of Commerce (DoC) / Executive Yuan
Sauf qu’il n’en est rien. Le gouvernement taïwanais s’est même fendu d’un communiqué, publié hier, pour dire que le sujet n’avait pas été évoqué entre les deux parties. « Il s’agit d’une idée américaine. Nous n’avons jamais pris d’engagement concernant un partage de la production de semiconducteurs à parts égales entre les deux pays », assure Cheng Li-chun dans ce communiqué, précisant que les discussions ont porté sur les tarifs réciproques et la coopération en matière de chaîne d’approvisionnement. Et comme pour clore le débat, la vice première ministre taïwanaise précise : « Nous n’accepterons pas de telles conditions. »
La fausse information lancée par Howard Lutnick à la télévision américaine n’est sans doute qu’un élément de plus dans la stratégie de l’administration Trump visant à faire pression sur Taïwan. Rappelons que Washington et Taipei sont actuellement en discussion, alors que les exportations taïwanaises sont taxées à 20% par les Etats-Unis, le temps qu’un accord soit trouvé entre les deux (c’était d’ailleurs le but du déplacement de la délégation taïwanaise à Washington). Depuis le mois d’août, l’administration Trump laisse également planer le doute sur la mise en place d’une taxe douanière de 100% sur les importations de puces étrangères.
Bref, il y a fort à parier que le gouvernement américain ne lâche pas le morceau aussi facilement, malgré les projets d’investissement du Taïwanais TSMC aux Etats-Unis. Le premier fondeur mondial a en effet annoncé, en mars dernier, un investissement supplémentaire de 100 milliards de dollars d’ici quatre ans dans ses outils de production et de R&D sur le sol américain, qui vient s’ajouter aux 65 Md$ déjà engagés par TSMC aux Etats-Unis.
Selon le gouvernement taïwanais, 70% des exportations de Taïwan vers les Etats-Unis concernent les semiconducteurs, et plus généralement, les technologies de l’information et de la communication.