Les Pays-Bas prennent le contrôle de Nexperia
Le gouvernement néerlandais évoque des signes de défaillances et d’actions graves en matière de gouvernance au sein de Nexperia, pour dégainer sa loi sur la disponibilité des biens et ainsi prendre le contrôle du fabricant de semiconducteurs basé aux Pays-Bas mais propriété du groupe chinois Wingtech.
Dans un communiqué publié hier, le ministère néerlandais de l’Économie nous apprend que les Pays-Bas ont invoqué la loi sur la disponibilité des biens (Goods Availability Act), le 30 septembre dernier, pour prendre le contrôle de Nexperia, l’ancienne division semiconducteurs standard de NXP basée à Nimègue (Pays-Bas) mais propriété du groupe chinois Wingtech Technology depuis 2019. Cette mesure qualifiée d’exceptionnelle par le gouvernement néerlandais vise à « éviter une indisponibilité des produits fabriqués par Nexperia en cas d’urgence », ce qui n’empêche toutefois pas Nexperia de poursuivre son processus de production habituel.
« La loi a été invoquée à la suite de récents signes de défaillances et d’actions graves en matière de gouvernance au sein de Nexperia. Ces signes constituaient une menace pour la continuité et la préservation, sur le territoire néerlandais et européen, de connaissances et de compétences technologiques cruciales, dont la perte pourrait mettre en péril la sécurité économique du pays et de l’Europe », précise le communiqué.
© Nexperia
Concrètement, sur la base de cet arrêté, les décisions de l’entreprise peuvent, à tout moment, être bloquées ou annulées par le ministre de l’Économie si elles sont préjudiciables aux intérêts de l’entreprise, à son avenir en tant qu’entreprise néerlandaise et européenne, et/ou à la préservation de cette chaîne de valeur essentielle pour l’Europe. Le communiqué précise toutefois que Wingtech Technology peut contester cette décision devant les tribunaux, ce qu’elle ne va pas se priver de faire.
Ce n’est pas la première fois que la mainmise du groupe chinois Wingtech Technology sur Nexperia pose problème à l’Europe en matière de sécurité nationale. On se souvient en particulier de la décision du gouvernement britannique, en novembre 2022, d’imposer à Nexperia de céder le contrôle de l’usine galloise de Newport qu’il avait acquise en juillet 2021 et qui a finalement été rachetée par Vishay en mars 2024.
Ce n’est pas la première fois non plus que les Pays-Bas mettent en œuvre des actions fortes pour contrer la Chine en matière de semiconducteurs. Il y a un an, déjà, le gouvernement néerlandais a imposé à son champion ASML des licences d’exportation vers la Chine pour ses équipements de fabrication de puces les plus avancés, s’alignant ainsi sur la position américaine qui fait pression sur d’autres pays pour limiter l’accès de la Chine aux équipements de pointe en matière de production de semiconducteurs.
Nexperia fabrique des transistors bipolaires, des diodes, des circuits de protection, des Mosfet, des Mosfet SiC, des Fet GaN, des IGBT ainsi que des circuits intégrés analogiques, et cible essentiellement les applications automobiles et grand public. Le groupe dispose notamment d’une usine à Hambourg (Allemagne) dans laquelle il a récemment investi 184 millions d’euros pour y développer les technologies SiC et GaN.
