L’Europe veut prendre à bras-le-corps le problème de la pénurie de compétences en électronique
Afin de soutenir l’European Chips Act qui vise à redynamiser la production de semiconducteurs en Europe, SEMI et la Commission européenne ont défini une série d’actions clés à mener pour combler le manque de compétences essentielles à l’écosystème européen des semiconducteurs.
Si la pénurie de composants électroniques pose de nombreux problèmes dans la chaîne d’approvisionnement de multiples secteurs applicatifs, la pénurie de compétences en électronique est tout aussi préoccupante, si ce n’est davantage, pour cette industrie car cela nécessite un travail de longue haleine pour la résorber.
Et si l’Europe veut mener à bien l’European Chips Act, ce plan qui mobilisera plus de 43 milliards d’euros d’investissements publics et privés afin de garantir la sécurité d’approvisionnement, la résilience et la souveraineté technologique de l’Union Européenne en matière de semiconducteurs, elle devra prendre cet épineux problème à bras-le-corps.
Cela semble être le cas car, comme vient de l’indiquer l’organisation professionnelle SEMI dans un communiqué, une première réunion s’est tenue sur le sujet le 2 décembre dernier à Bruxelles. Cette réunion, qui rassemblait des représentants de SEMI Europe et de la Commission européenne, ainsi que plus de 80 parties prenantes de l’industrie des semiconducteurs, a permis de définir un Pact for Skills for Microelectronics.
Les participants à cette réunion ont tout d’abord souligné le besoin urgent de centres de formation dédiés, de davantage de diplômés dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques et d’une main-d’œuvre plus diversifiée, tandis que le cabinet d’études de marché Decision a pointé dans son rapport METIS4Skills Strategy 2022 une aggravation de la pénurie de talents en Europe depuis 2020. L’European Chips Act met notamment l’accent sur le besoin d’ingénieurs et de techniciens des procédés, de techniciens de maintenance, et d’autres travailleurs liés à la fabrication des semiconducteurs.
Au-delà du constat, le Pact for Skills for Microelectronics définit une série d’actions clés à mener pour lutter contre la pénurie de compétences dans l’industrie électronique sur le Vieux continent. Ces actions visent à améliorer l’image de l’industrie des semiconducteurs pour susciter des vocations et attirer les étudiants et les jeunes talents, à aider les travailleurs à perfectionner leurs compétences ou à opérer des reconversions, et à œuvrer en faveur d’une main-d’œuvre plus diversifiée et inclusive en Europe.
Dans le cadre du projet METIS (MicroElectronics Training Industry and Skills) d’Erasmus+, SEMI Europe publiera un résumé des résultats de cette réunion et des recommandations pour des actions de suivi concrètes au cours du premier trimestre 2023.
Parmi ces recommandations, SEMI Europe en a d’ores et déjà cité quelques exemples:
- Mettre en place une campagne d’image de l’industrie pour sensibiliser le public à la manière dont la technologie façonne l’avenir et aux carrières dans l’industrie des semiconducteurs.
- Faciliter l’entrée dans l’industrie pour les meilleurs diplômés universitaires, en partie en réorganisant les politiques d’immigration qui affectent le secteur de la microélectronique.
- Harmoniser les initiatives de développement de la main-d’œuvre en Europe et créer un réseau universitaire européen pour la microélectronique en mettant l’accent sur les opportunités de stages et de travail pour les étudiants.
- Inciter les enfants et les adolescents, en particulier les filles, à poursuivre une formation dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques, recruter davantage d’enseignants dans ces matières, multiplier les initiatives de développement des talents pour l’industrie de la microélectronique, telles que des concours ouverts aux collégiens et lycéens autour de la conception des puces électroniques.
« Nous remercions la Commission européenne pour son soutien continu et sa collaboration avec l’industrie des semiconducteurs dans le renforcement de l’écosystème européen des compétences en microélectronique, a déclaré Laith Altimime, président de SEMI Europe. L’industrie européenne des semiconducteurs doit diversifier son vivier de talents, un effort qui nécessite un financement pour que l’Europe puisse développer une main-d’œuvre durable. »