
Panasonic ferme son usine de matériaux pour PCB en Autriche

Cette annonce intervient quelques mois seulement après la décision de Würth Elektronik de fermer l’une de ses trois usines de circuits imprimés en Allemagne. Ce dernier vient d’ailleurs d’annoncer un « accord socialement acceptable » pour les employés concernés.
Nouvelle illustration du déclin de l’industrie du circuit imprimé en Europe, le japonais Panasonic a récemment annoncé son intention de fermer, d’ici décembre 2025, son usine de matériaux pour PCB basée à Enns, en Autriche, qui était l’une des dernières de ce type sur notre continent, selon l’EIPC (European Institute for the PCB Community). Environ 140 salariés sont concernés par cette décision.
« La part de l’Europe dans la production de ce type de composants est passée d’environ 20% à 2% au cours des 20 dernières années », a justifié un porte-parole de l’entreprise au quotidien régional Oberösterreichische Nachrichten (OÖN), ce déclin ayant convaincu le Japonais de la nécessité de fermer son usine européenne pour faire migrer sa production en Asie où les coûts de production sont inférieurs.

© Panasonic
L’annonce de Panasonic intervient seulement quelques mois après la décision de Würth Elektronik, en octobre dernier, de fermer son usine de circuits imprimés de Schopfheim, où travaillent plus de 300 salariés, suite à une baisse spectaculaire des commandes. Il s’agit de l’un des trois sites de production de PCB que le groupe possède encore en Allemagne, avec ceux de Niedernhall, qui abrite également le siège social de Würth Elektronik Circuit Board Technology (CBT), et de Rot am See.
Würth Elektronik CBT : accord avec les partenaires sociaux
Le 6 février dernier, Würth Elektronik CBT a d’ailleurs annoncé que la direction et le comité d’entreprise étaient parvenus à “un accord sur une conciliation des intérêts et un plan social”, qui a été présenté aux salariés concernés lors d’une réunion d’entreprise.
« Nous sommes ravis de la réussite des négociations et d’avoir ainsi trouvé une solution socialement acceptable pour les employés concernés », a déclaré Andreas Gimmer, directeur général de Würth Elektronik CBT.
Après l’annonce en octobre de la fermeture du site, plusieurs entreprises de la région et de la Suisse voisine ont contacté Würth Elektronik CBT avec des propositions d’emploi pour les collaborateurs de Schopfheim. À ce jour, presque tous les apprentis et une cinquantaine de salariés du site ont été replacés grâce à ces offres, selon le groupe allemand.
La société a par ailleurs confirmé que les produits fabriqués auparavant à Schopfheim, essentiellement des produits standard, seront désormais fabriqués sur d’autres sites de Würth Elektronik en Allemagne, tandis que les usines de Niedernhall et de Rot am See se concentreront sur les circuits imprimés les plus complexes, fabriqués en Europe pour des raisons stratégiques.
Le déclin de l’industrie européenne du PCB en chiffres
Rappelons qu’en avril 2024, l’EIPC avait lancé un appel aux dirigeants européens pour sauver le circuit imprimé en Europe, un secteur tout aussi stratégique que les semi-conducteurs. Depuis le début des années 2000, la production de PCB migre inéluctablement de l’Europe vers l’Asie. La production européenne de circuits imprimés représentait encore 16% du total mondial en 2000, mais cette part est tombée à 2,3% en 2022, selon l’association. Dans le même temps, le nombre de fabricants de PCB européens s’est considérablement réduit, passant de 555 à moins de 180, avec les 20 premiers constructeurs européens représentant 60 % de la valeur de la production. Pour la France, l’EIPC déplore une chute encore plus brutale, avec quelque 200 sociétés en 2000 contre seulement 10 en 2024.
Et on le voit ici avec Panasonic, la réduction de la production européenne de PCB a eu un effet significatif sur les fabricants de matériaux pour PCB à grande échelle, leur nombre passant de plus de 20 dans les années 1980 à seulement 2 en 2024 et désormais un seul, suite à l’annonce du Japonais.