
L’affaire Nexperia fait craindre des arrêts de production dans l’automobile

L’industrie automobile européenne n’avait vraiment pas besoin de ça ! L’affaire Nexperia fait désormais craindre des répercussions importantes au niveau des chaînes de production des constructeurs automobiles européens. Les organisations ECEA et VDA évoquent même de potentiels arrêts de production.
L’industrie automobile européenne craint des conséquences importantes suite à ce que l’on pourrait appeler l’affaire Nexperia. Rappelons que le gouvernement néerlandais a récemment invoqué la loi sur la disponibilité des biens (Goods Availability Act) pour prendre le contrôle de Nexperia, l’ancienne division des semiconducteurs standard de NXP basée à Nimègue (Pays-Bas) mais propriété du groupe chinois Wingtech Technology, et pour limoger le Pdg de Nexperia, Zhang Xuezheng, suite à « des signes de défaillances et d’actions graves en matière de gouvernance au sein de l’entreprise ». De son côté, le ministère chinois du Commerce a publié un avis de contrôle des exportations interdisant à Nexperia Chine et à ses sous-traitants d’exporter certains composants et sous-ensembles finis fabriqués en Chine.
Face à cet imbroglio, l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) s’est dit « profondément préoccupée par les perturbations potentielles importantes de la production de véhicules en Europe si l’interruption des approvisionnements en puces Nexperia ne peut être immédiatement résolue ».
Le 10 octobre, les constructeurs automobiles européens et leurs fournisseurs ont en effet reçu une notification de Nexperia décrivant une série d’événements qui l’empêche de garantir la livraison de ses puces, pourtant indispensables à la chaîne d’approvisionnement automobile, ce qui menace d’entraîner des arrêts de production.
« Bien que l’industrie s’approvisionne déjà en puces auprès d’autres acteurs du marché, l’homologation de nouveaux fournisseurs pour des composants spécifiques et la montée en puissance de la production prendraient plusieurs mois, alors que les stocks actuels de puces Nexperia ne devraient durer que quelques semaines, tout au plus », alerte l’ACEA.

Hildegard Müller, présidente de la VDA, et Sigrid de Vries, directrice générale de l’ACEA, craignent des arrêts de production à cause de l’affaire Nexperia – © VDA / ACEA
« Les constructeurs automobiles ont pris des mesures ces dernières années pour diversifier leurs chaînes d’approvisionnement, mais le risque ne peut être réduit à zéro. Il s’agit d’un problème intersectoriel qui touche un grand nombre de fournisseurs et la quasi-totalité de nos membres, précise Sigrid de Vries, directrice générale de l’ACEA. Nous nous trouvons donc soudainement dans une situation alarmante et avons absolument besoin de solutions rapides et pragmatiques de la part de tous les pays concernés. »
Même ton alarmiste du côté de la VDA (Verband der Automobilindustrie), l’association allemande de l’industrie automobile. « La situation pourrait bientôt conduire à d’importantes restrictions de production, voire à un arrêt de la production, si l’interruption des livraisons de puces Nexperia ne peut être résolue à court terme, s’inquiète Hildegard Müller, présidente de la VDA. C’est pourquoi la VDA est en contact avec les entreprises concernées, le gouvernement fédéral allemand et la Commission européenne afin de trouver rapidement des solutions pragmatiques. »
Nexperia fabrique des transistors bipolaires, des diodes, des circuits de protection, des Mosfet, des Mosfet SiC, des Fet GaN, des IGBT ainsi que des circuits intégrés analogiques, et cible essentiellement les applications automobiles, mais aussi grand public. Le groupe dispose notamment d’une usine à Hambourg (Allemagne) dans laquelle il a récemment investi 184 millions d’euros pour y développer les technologies SiC et GaN.