C’est officiel : Airbus, Leonardo et Thales s’allient pour créer un géant européen des satellites
Les trois industriels viennent de signer un protocole d’accord afin de créer un acteur spatial européen de premier plan disposant de la masse critique nécessaire pour rivaliser avec les acteurs chinois et américains des satellites.
C’est fait ! Après plus d’un an d’intenses discussions, Airbus, Leonardo et Thales ont officialisé ce jour la signature d’un protocole d’accord visant à regrouper leurs activités spatiales au sein d’une nouvelle entreprise, avec l’objectif de créer un géant européen des satellites disposant de la masse critique nécessaire pour rivaliser avec les acteurs chinois et américains du secteur, en particulier Space X, l’entreprise d’Elon Musk.
La nouvelle entité couvrira un portefeuille complet de technologies complémentaires et de solutions intégrées de bout en bout, allant des infrastructures spatiales aux services (à l’exception des lanceurs) dans les domaines des télécommunications, de la navigation par satellite, de l’observation de la Terre, de la science, de l’exploration spatiale et de la sécurité nationale. Elle a par ailleurs pour ambition d’être le partenaire de confiance pour le développement et la mise en œuvre des programmes spatiaux nationaux souverains.

© Thales Alenia Space
À la clôture de l’opération, qui ne devrait pas intervenir avant 2027, la future entreprise regroupera les activités Space Systems and Space Digital issues d’Airbus Defence and Space, la division Spatial de Leonardo, incluant ses participations dans Telespazio et dans Thales Alenia Space, ainsi que les participations de Thales dans Thales Alenia Space, Telespazio et Thales SESO. L’actionnariat sera réparti à 35% pour Airbus, 32,5% pour Leonardo et 32,5% pour Thales, avec une gouvernance équilibrée entre les trois actionnaires.
La nouvelle entité regroupera environ 25 000 personnes à travers l’Europe, avec un chiffre d’affaires annuel autour de 6,5 milliards d’euros (fin 2024, pro forma) et un carnet de commandes représentant plus de trois années de chiffre d’affaires. Des synergies opérationnelles annuelles totales de plusieurs centaines de millions d’euros, notamment en ingénierie, production et gestion de projets, sont attendues sur le résultat d’exploitation cinq ans après la finalisation de la transaction, avec des coûts associés alignés avec les standards du marché.
« Cette volonté de rapprochement marque une première étape cruciale pour l’industrie spatiale européenne, ont déclaré Guillaume Faury, directeur général d’Airbus, Roberto Cingolani, directeur général et administrateur délégué de Leonardo, et Patrice Caine, Pdg de Thales. Elle atteste de notre vision partagée de bâtir un acteur européen fort et compétitif sur un marché spatial mondial de plus en plus dynamique. En mettant en commun nos talents, ressources, expertises et capacités de R&D, nous souhaitons stimuler la croissance, accélérer l’innovation et apporter une plus grande valeur ajoutée à nos clients et parties prenantes. Ce partenariat concrétise la volonté des Etats européens de renforcer leurs capacités industrielles et technologiques, afin de garantir l’autonomie de l’Europe dans le domaine spatial et ses nombreuses applications. Il offre à nos collaborateurs l’opportunité d’être au cœur de cette initiative ambitieuse, tout en bénéficiant de belles perspectives de carrière et de la force collective liée au rapprochement de trois leaders de cette industrie. »
Les trois partenaires précisent que les représentants du personnel d’Airbus, Leonardo et Thales seront informés et consultés sur ce projet, conformément aux législations en vigueur dans les pays concernés et aux accords collectifs applicables dans chaque société mère. Comme nous la rappelions hier, certains syndicats ont déjà fait part de leurs craintes sur l’emploi d’une telle fusion ainsi que sur les répercussions potentielles au niveau des agences spatiales, qu’elle soit française (CNES) ou européenne (ESA), qui pourraient voir leur pouvoir amoindri.


