Industrie française des câbles : la reprise se dessine en 2021
Marquée par une crise sanitaire planétaire dont les répercussions ont affecté l’économie mondiale, l’année 2020 s’est inscrite en repli de 9,8%, à 2,76 milliards d’euros, par rapport à 2019 pour l’industrie française des fils et câbles électriques et de communication, selon le Sycabel (*). Ayant anticipé la reprise et dans un contexte post-Covid-19 de relance économique, les adhérents de l’organisation professionnelle voient l’horizon s’éclaircir, en dépit de la hausse des prix du cuivre et de l’aluminium.
Tous secteurs confondus, l’activité enregistrée au 1er semestre de 2021 confirme la reprise escomptée. Le chiffre d’affaires global est en croissance de l’ordre de 30% par rapport à 2020. En volume, la production de câbles à âmes métalliques (cuivre et aluminium) affiche une hausse de 28%. Parallèlement, le volume de fibres optiques livrées en câbles progresse de plus de 40%, à hauteur de 10 millions de kilomètres de fibres.
Bien que ces chiffres traduisent la bonne tendance des six premiers mois de l’année, ils restent cependant globalement inférieurs à ceux de 2019 avec de fortes disparités sectorielles, tempère le syndicat professionnel.
Le secteur de la construction se distingue par une réelle dynamique et celui des réseaux de distribution d’énergie présente un niveau d’activité soutenu. Dans le domaine des télécoms, en revanche, les résultats sont en net retrait, de 20%, comparés à 2019. Toutefois, cet écart devrait se réduire au second semestre en raison de la chute brutale des ventes qui avait marqué la deuxième moitié de 2019, consécutive aux massives importations de câbles à fibres optiques chinoises. De plus, l’activité du segment des câbles en cuivre décroît moins vite que ce qui était prévu grâce à des opérations de maintenance engagées sur le réseau existant.
Les projections pour le second semestre de 2021 sont bien orientées en dépit de la hausse des matières premières (aluminium, cuivre) et des difficultés d’approvisionnement en plastiques, additifs, qui préoccupent la profession depuis plusieurs mois et pourraient influer négativement sur les ventes (voir ci-après).
Les câbliers français au rendez-vous de la fibre optique jusqu’à l’abonné
La crise de la Covid-19 a plus que jamais montré l’importance des réseaux de télécommunication. La France comptait 12,4 millions d’abonnements au FTTH (fibre optique jusqu’à l’abonné) au 30 juin 2021, soit une augmentation de 4 millions d’abonnés sur un an (source Arcep). Le succès du plan France Très Haut débit est incontestable. La fibre optique de bout en bout était accessible pour 27 millions de locaux au 30 juin 2021, soit une hausse de 30% sur un an.
Malgré la crise, 1,5 million de nouveaux locaux sont en moyenne rendus éligibles (raccordables) à la fibre chaque trimestre. Sur les trois derniers trimestres, 1 million de nouveaux abonnés à la fibre ont été enregistrés chaque trimestre en moyenne. A ce rythme, l’objectif des 80% de locaux éligibles à la fibre en 2022 sera atteint et même dépassé.
La filière optique française est historiquement forte de sa R&D et de ses moyens de production dans l’hexagone. L’accroissement du rythme de production des câbles montre que la profession fait face aux impératifs de livraison, malgré la situation sanitaire et la tension sur les matières premières. Elle sait adapter ses capacités de production pour répondre à la demande.
Dans un marché mondial qui note la reprise du marché chinois avec un appel d’offre de China Mobile pour 140 millions de km de fibres optiques, à savoir + 20% par rapport à 2020 et +36% par rapport à 2019, alors que la tension sur les matières premières et la chaîne logistique perdurent, les besoins doivent être anticipés plus que jamais. Le Sycabel réitère la nécessité de travailler « en équipe » avec l’ensemble des parties prenantes.
En dépit de la pandémie de la Covid-19 et de la très forte chute de son activité en 2020, l’industrie du câble a su tenir bon et maintenir ses capacités ; ce qui lui a permis d’augmenter de façon très forte son rythme de production de câbles à fibre optique au 1er semestre de 2021 pour répondre aux besoins en croissance sensible des opérateurs de réseaux de télécommunications.
En atteignant les 400 points, l’indicateur du Sycabel se hisse au 1er semestre de plus de 80 points par rapport aux niveaux les plus bas enregistrés sur 4 trimestres depuis fin 2019.
La fin du réseau de télécommunications en cuivre ?
Le corollaire du déploiement de la fibre optique jusqu’à l’abonné (FttH) est l’extinction du réseau téléphonique en cuivre, programmée progressivement entre 2023 et 2030. Bien que les réseaux en cuivre ne soient plus déployés et que les opérations de maintenance diminuent au fur et à mesure de la fermeture des zones en cuivre, il est néanmoins nécessaire de préserver la qualité du service. A demande des élus et du gouvernement, Orange maintient les budgets consacrés à la maintenance du réseau en cuivre (500 M€/an) et augmente la part consacrée aux opérations de maintenance préventive (+22% sur le budget d’entretien et de maintenance, comparé à 2018).
Le Sycabel note que le plan d’action d’Orange s’est traduit au premier semestre de 2021 pour les industriels du syndicat par une baisse moins forte que prévu sur les câbles (-4 % en volume sur le premier semestre comparé au premier semestre de 2020) et même par une augmentation pour les accessoires (+17% en CA). Néanmoins, par rapport à 2019, les deux indices sont en 2021 en baisse respectivement de -20% et -7%.
Matières premières : le Sycabel reste en alerte
Dès le début de l’année 2021, le Sycabel a alerté ses partenaires sur les tensions constatées sur le marché des matières premières et leurs répercussions pour la profession. Force est de constater que la situation ne s’est pas améliorée en cours d’année, tant pour ce qui est des cours des matières premières que de leur disponibilité.
Ainsi, le cours de l’aluminium qui n’avait pas connu d’augmentation aussi forte que celle du cuivre, est en train d’atteindre des niveaux très élevés : 2 611 $/T en moyenne en août et des valeurs en septembre proches de 2 750 $/T, son plus haut cours depuis 10 ans. Par ailleurs, le rationnement de l’eau dans certaines mines de cuivre attise un regain d’augmentation du cours du métal. Il est donc nécessaire de rester très attentif et de prévoir que cette flambée se poursuive pendant de nombreux mois.
Enfin, le Sycabel rappelle que les industriels rencontrent toujours des difficultés d’approvisionnement en matières plastiques et bois, ainsi que de nombreuses spécialités chimiques. Les outils de production étant fortement sollicités, les livraisons sont ralenties.
(*) Organisation professionnelle de l’industrie française des fils et câbles électriques et de communication, le Sycabel regroupe 20 entreprises – grands leaders, petites et moyennes entreprises – qui représentent plus de 90% de l’industrie française du secteur. Elles emploient dans l’hexagone plus de 8000 personnes sur 60 sites répartis dans 70% des régions. Le Sycabel est impliqué dans le Comité Stratégique de Filière « Infrastructures Numériques ». Son ambition est de promouvoir à l’exportation le savoir-faire de la filière en matière de déploiement du THD, de préparer les réseaux de demain : 5G, 6G, et les territoires intelligents et durables.