Un « esprit commando » pour la gouvernance du plan « France 2030 »
Souhaitant tirer les leçons des échecs du passé, le Président de la République a insisté sur l’esprit « commando » qui devra animer la gouvernance du plan « France 2030 » dont l’équipe réduite de pilotage devrait être désignée avant début janvier.
En clair, pas de part du gâteau réservée aux filières et aux industriels en fonction de leur taille, mais une décision rapide d’octroi d’investissement public aux bons projets deeptech de rupture, même s’ils émanent de start-up.
« L’innovation de rupture a complètement comprimé son temps entre l’invention et son industrialisation. Ma première conviction très forte, c’est qu’on doit vraiment sortir de cette opposition entre recherche fondamentale, recherche incrémentale et technologique et industrialisation massive, et essayer de comprimer tout ça. Notre pays va se réindustrialiser par des start-up technologiques et ce qu’on appelle le DeepTech. Et nos grands groupes industriels vont survivre, se transformer et gagner la partie grâce à l’innovation de rupture de start-up qu’ils auront incubées ou qu’ils auront rachetées ou avec lesquelles ils auront des partenariats. Il n’y a pas de France industrielle contre la France des start-up. Il faut qu’on mène en même temps la bataille de l’innovation et de l’industrialisation, on ne peut pas choisir, il faut les mener ensemble. Et ça veut dire qu’il faut qu’on mette beaucoup d’argent public et privé parce que le gagnant prend tout, comme disent les Anglo-Saxons »
Le chef de l’Etat a ainsi insisté sur l’importance d’octroyer 20, 30 ou 50 M€ pour permette à une start-up de développer un démonstrateur et passer rapidement à l’industrialisation de sa technologie. En régime de croisière, le plan « France 2030 » devra ainsi pouvoir faire émerger une centaine de nouveaux sites industriels par an.
Cette agilité dans les prises de décisions se veut une réponse par avance aux accusations de saupoudrage que n’a pas manqué de susciter l’annonce du plan. Simplification de l’organisation du pilotage de France 2030, simplification des procédures, rapidité d’obtention des crédits, confiance faite à l’émergence, prise de risque : tels sont les maître-mots de la méthode du plan « France 2030 ».
« Ce que nous devons accepter, c’est la prise de risque massive. Il y aura beaucoup d’échecs derrière les dix objectifs que j’ai donnés. Il faut qu’il y ait beaucoup d’échecs. La seule chose qui est nécessaire, c’est qu’à chaque fois qu’il y a un échec, il puisse être le plus rapide et le moins coûteux possible. Sortons d’une habitude prise qui consiste à dire l’échec est un drame, s’il y a un échec, il faut tout faire pour l’empêcher ; et il faut le rendre le plus pénible pour tout le monde et donc à la fin le plus coûteux possible ; et y avoir mis toute l’énergie du monde. Non. On va faire plusieurs paris technologiques et d’acteurs. Ce n’est pas nous qui choisirons, c’est à la fois les logiques scientifiques, d’innovation, d’organisation du marché et autres. Mais il faut se mettre en situation de les avoir fait émerger vite, de leur avoir donné les moyens, d’avoir été coopératifs pour faire émerger les nouveaux acteurs, et d’avoir éliminé le plus vite possible nos échecs pour pouvoir rebondir », a martelé le Chef de l’Etat.
Concernant l’enveloppe de 30 milliards d’euros du plan « France 2030 », 3 à 4 milliards seront débloqués dès 2022. 8 milliards seront consacrés à l’énergie (développement de petits réacteurs nucléaires, faire de la France le leader de l’hydrogène vert) et à la décarbonation de l’industrie. Près de 4 milliards d’euros seront investis pour les transports du futur : produire près de 2 millions de véhicules électriques et hybrides, produire le premier avion bas-carbone. 2 milliards d’euros seront investis pour les enjeux d’une alimentation saine, durable et traçable. Cela consiste notamment à remettre de la valeur dans l’agriculture grâce au numérique, à la robotique et à la génétique. L’espace, l’exploration des fonds marins et le médical sont également érigés au rang des 10 objectifs prioritaires. Des domaines où l’électronique aura aussi son rôle à jouer. Rappelons que transversalement, l’accès aux composants électroniques et à la robotique va mobiliser 6 milliards d’euros d’investissement public dans le cadre du plan « France 2030 » (voir notre article).
Le passage sur l’industrie des semiconducteurs se situe à 1H35 du début de l’intervention
Rappel des 10 objectifs pour mieux comprendre, mieux vivre, mieux produire en France à l’horizon 2030
➜ Objectif 1 : Faire émerger en France des réacteurs nucléaires de petite taille, innovants et avec une meilleure gestion des déchets.
- 1 milliard d’euro sera investi d’ici à 2030.
➜ Objectif 2 : Devenir le leader de l’hydrogène vert.
- En 2030, la France comptera sur son sol au moins deux gigafactories d’électrolyseurs et produira massivement de l’hydrogène et l’ensemble des technologies utiles à son utilisation.
➜ Objectif 3 : Décarboner notre industrie.
- Baisser de 35 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2015.
Plus de 8 milliards d’euros seront investis pour atteindre ces trois premiers objectifs.
➜ Objectif 4 : Produire près de 2 millions de véhicules électriques et hybrides.
➜ Objectif 5 : Produire le premier avion bas-carbone.
Près de 4 milliards d’euros seront investis pour ces transports du futur.
➜ Objectif 6 : Investir dans une alimentation saine, durable et traçable.
- 2 milliards d’euros investis pour ces enjeux.
➜ Objectif 7 : Produire 20 biomédicaments contre les cancers, les maladies chroniques dont celles liées à l’âge et créer les dispositifs médicaux de demain.
➜ Objectif 8 : Placer la France à nouveau en tête de la production des contenus culturels et créatifs.
➜ Objectif 9 : Prendre toute notre part à la nouvelle aventure spatiale.
➜ Objectif 10 : Investir dans le champ des fonds marins.