Les Pays-Bas imposent à ASML des contrôles renforcés à l’exportation vers la Chine
Le gouvernement néerlandais exige désormais des licences d’exportation étendues à certains systèmes de lithographie DUV (deep ultraviolet) d’ASML. Mais cette politique de restriction des exportations vers la Chine semble de plus en plus contestée au sein même de la filière européenne des semiconducteurs.
Le gouvernement néerlandais a annoncé en fin de semaine dernière un durcissement des contrôles à l’exportation sur les équipements de fabrication de puces d’ASML. S’alignant sur la position américaine qui fait pression sur d’autres pays pour limiter l’accès de la Chine aux équipements de pointe en matière de production de semiconducteurs, les Pays-Bas exigent désormais des licences d’exportation pour les systèmes Twinscan NXT:1970i et 1980i d’ASML, classés dans les équipements de lithographie aux UV profonds (DUV, deep ultraviolet) qui permettent de produire des semiconducteurs avancés à partir d’un procédé 7 nm.
Cette restriction supplémentaire des exportations vers la Chine, que le gouvernement chinois n’a pas tardé à dénoncer, s’ajoute à celle concernant déjà les équipements de lithographie aux UV extrêmes (EUV, extreme ultraviolet), les plus avancés au monde.
Dans un communiqué, ASML a indiqué que « cette annonce ne devrait pas avoir d’impact sur les perspectives financières pour 2024 ou sur les scénarios à plus long terme ». Mais cette politique de restrictions des exportations des équipements de production de semiconducteurs vers la Chine commence à agacer certains acteurs européens de la filière, et non des moindres. Comme le montre un document récemment publié par l’Association européenne de l’industrie des semiconducteurs (ESIA) et qui prône le lancement d’un European Chips Act 2.0 et la mise en place des mesures fortes pour libérer la compétitivité de la filière en Europe.
Dans ce document, l’ESIA, qui regroupe les principaux acteurs de la filière en Europe, dont les fabricants de semiconducteurs européens et ASML, se montre en effet critique vis-à-vis des restrictions commerciales engagées par l’UE envers la Chine. Si elle reconnaît la nécessité de protéger les actifs critiques et la logique qui sous-tend la stratégie de sécurité économique de l’UE, l’association estime qu’une approche plus positive de la sécurité économique est nécessaire, fondée sur le soutien et les incitations, plutôt que sur une approche défensive qui repose sur des mesures restrictives et protectrices.
« En tant que l’un des secteurs les plus mondialisés, l’industrie des semiconducteurs nécessite un degré élevé d’ouverture tout au long de la chaîne d’approvisionnement », prône l’ESIA dans ce document. Cela d’autant que « les fabricants de puces européens doivent être capables de servir les marchés mondiaux pour être compétitifs ».