L’Espagne investit 753 M€ dans le semiconducteur diamant
Le gouvernement espagnol va financer en partie la construction d’une usine de wafers diamant de 100 mm de diamètre que l’Américain Diamond Foundry construit actuellement à 250 kilomètres au Sud-Ouest de Madrid. L’investissement total pour cette usine s’élève à 2,4 milliards d’euros.
Le gouvernement espagnol vient d’annoncer son intention d’investir 753 millions d’euros, par le biais de sa société publique d’investissement technologique SETT (Société espagnole pour la transformation technologique), dans l’usine de semiconducteurs diamant que le groupe américain Diamond Foundry construit actuellement à Trujillo, petite ville située à environ 250 kilomètres au Sud-Ouest de Madrid.
Créé en 2012, le Californien Diamond Foundry, qui est spécialisé dans la croissance des diamants de synthèse, affirme avoir mis au point une technologie qui permet de produire des wafers diamant jusqu’à des diamètres de 100 mm destinés à l’industrie des semiconducteurs. Ce sera précisément la mission de l’usine espagnole du groupe qui fait l’objet de l’investissement annoncé par le gouvernement espagnol dans le cadre de son Projet stratégique pour la microélectronique et les semiconducteurs, connu sous le nom de PERTE Chip.

© Diamond Foundry
Grâce à cette aide, la nouvelle usine est entièrement financée, avec un budget qui s’élève au total à 2,77 milliards de dollars, soit 2,4 milliards d’euros. « Forts de notre expérience réussie avec une première fonderie de lingots de diamants bruts à Trujillo, en Espagne, nous allons maintenant étendre notre production en Espagne et industrialiser notre technologie unique, et la plus avancée au monde, de tranches de diamant monocristallin (SCD, single-crystal diamond), précise Diamond Foundry dans un communiqué. L’unité de production de lingots SCD sera installée dans un bâtiment voisin de notre première fonderie, situé dans la zone industrielle de Trujillo, et dont la construction a débuté, tandis que la production des wafers à partir des lingots SCD, leur polissage ainsi que leur conditionnement en salle blanche seront effectués à Saragosse. »
Le diamant est souvent considéré potentiellement comme le semiconducteur ultime pour l’électronique de puissance, de part ses caractéristiques intrinsèques en termes de mobilité électronique, de conductivité thermique, de champ de claquage et de bande interdite, largement supérieures à celles du silicium mais aussi du carbure de silicium (SiC) et du nitrure de gallium (GaN). Mais son utilisation en tant que matériau semiconducteur n’en est encore qu’à ses balbutiements car la dureté inhérente à ce matériau et la complexité de son traitement le rendaient jusqu’à présent inadapté à une utilisation dans le domaine des semiconducteurs.
Toutefois, de nombreuses initiatives ont été menées ces dernières années pour cibler les applications électroniques, à l’image de l’écosystème dédié qui est actuellement en train de se mettre en place en France, sous l’impulsion de la start-up grenobloise Diamfab, pour tenter de passer de la phase de R&D à celle de la pré-industrialisation.

© Diamond Foundry
Le projet de Diamond Foundry marque en tout cas une nouvelle étape importante vers une éventuelle industrialisation de semiconducteurs diamant. L’Américain y croit dur comme fer : « Il est facile de sous-estimer l’impact d’un nouveau matériau semiconducteur sur l’industrie électronique. Ce fut le cas avec le silicium il y a soixante ans et avec le SiC il y a vingt ans. Et dans les deux cas, cela a fait progresser l’industrie électronique à des niveaux que l’on jugeait auparavant inimaginables. »
L’histoire se répètera-t-elle avec le diamant ?


