Sous-traitance : le Snese fait front sur tous les fronts
Pénurie croissante d’opérateurs et de techniciens formés à la production en électronique, difficultés d’approvisionnement liées à la conjoncture en composants, raréfaction des commandes récurrentes, utilisation croissante des modules plug & play de type Raspberry Pi ou Arduino dans le développement des produits qui mettent en question leur industrialisation : l’agenda est chargé pour la nouvelle instance dirigeante du Snese, le syndicat national des entreprises de sous-traitance en électronique.
Eric Burnotte, élu président du Snese à la mi-juin, est entouré de quatre vice-présidents (voir organigramme du comité directeur) pour mener à bien les chantiers propres à relever les défis auxquels et confronté la profession.
Habituée à des croissances de 8% à 10% au cours des dix dernières années du fait de l’externalisation croissance des productions, la profession, qui a connu une croissance inférieure à 5% en 2016, fait face à un ralentissement perceptible depuis le 4e trimestre. Mais il n’est pas du tout homogène, ni par taille d’entreprise, ni même pour les entreprises de même taille. Certaines entreprises continuent en effet d’afficher de fortes croissances. La raison : les commandes récurrentes ont tendance à décroître. Représentant typiquement 50% à 60% du chiffre d’affaires il y a quelques années, leur part est tombée à entre 20% et 25% actuellement. Désormais, de plus en plus de contrats se signent affaire par affaire. « Soit on a l’affaire, soit on ne l’a pas ». Ce qui a accroît les disparités de croissance et plaide en faveur de la signature d’accords de flexibilité.
Le recours croissant à des plateformes communautaire pour le développement de produits inquiète également les sous-traitants, si cette tendance lourde se confirme. Car selon les sous-traitants, ces plateformes (de type Arduino, Raspberry Pi ou autres) développées au départ à l’intention des makers, ne se prêtent pas à l’industrialisation des produits (en matière de tenue en température, par exemple). Comment garantir la robustesse industrielle d’une fabrication en série d’un produit d’une start-up développé sur ce type de plateforme ? Les sous-traitants appellent donc à la vigilance de crainte de devoir payer les pots cassés (ce sont eux qui prennent en charge les achats de composants) pour des projets qui pourraient in fine ne pas passer la phase d’industrialisation.
L’un des problèmes les plus criants de la profession concerne le renouvellement des effectifs liés à la pyramide des âges et face à la disparition de l’enseignement de l’électronique dans les formations initiales. La sous-traitance en électronique a véritable pris son envol en France dans les années 80 quand les grands groupes ont externalisé leurs productions. Aujourd’hui, ces entreprises doivent faire face à bon nombre de départs à la retraite pour des personnels dont les compétences sont rares ou introuvables sur le marché. Trouver des conducteurs de lignes d’assemblage aguerris aux spécificités de l’électronique, mais également des professionnels dans les fonctions achats ou qualité, s’avère de plus en plus compliqué. Des rapprochements ont été effectués à l’AFPA, qui a pris conscience de la problématique et certains sous-traitants, à l’instar de Selha Group, ont mis en place leurs propres cessions de formation qu’ils proposent en externe à des clients. Mais, tant que les pouvoirs publics n’auront pas pris conscience de remettre des formations initiales en électronique au programme de l’éducation nationale, la situation restera tendue.
Un démonstrateur de robot collaboratif en gestation
Dans l’attente, le Snese s’organise en lançant un chantier d’automatisation accrue de la production, grâce à la robotique collaborative, dans le but d’améliorer la flexibilité des entreprises et de réduire les coûts. Une mission est actuellement conduite au sein du Snese pour réaliser un démonstrateur d’un robot collaboratif multi-usages de manipulation des cartes pour, par exemple, alimenter un système de test (chargement/déchargement) ou pour la préparation de la carte à l’opération de vernissage (mise en place de caches sur les composants sensibles). Un fabricant de robot va être sélectionné et les développements et sa programmation confiés à une école d’ingénieurs, afin de mettre un point un démonstrateur qui tournera dans les usines. Cinq adhérents du Snese, dont BSE et QLE, travaillent ensemble sur le sujet. L’objectif du Snese n’est pas de se substituer aux entreprises en préconisant tel ou tel robot collaboratif, mais de promouvoir cette approche de remplacement de tâches manuelles à un coût adapté à des PME. D’autres utilisations peuvent être envisagées comme la pose automatisée des composants traversants.
Les autres chantiers techniques du Snese concernent la promotion d’e-FICIO, une application qui permet à toute entreprise de calculer la structure de ses coûts, le câblage filaire, la normalisation des composants, etc. A l’instar de ce qui a été fait par le passé pour le RoHS, une rénovation du système de certification est également en cours pour mettre en valeur les compétences des entreprises qui maîtrisent les règles de l’art (ESD, humidité, etc.).
Le Snese représente les fabricants d’électronique et services associés – Près de 500 entreprises, principalement des PME (80% des entreprises du secteur emploient entre 20 et 99 salariés), réalisant un CA de 5000 M€ avec un effectif de 28 000 personnes.