L’administration Biden attend 500 milliards de dollars d’investissements privés dans les semiconducteurs
« Le CHIPS for America vise à stimuler les investissements privés à chaque étape, et non à les remplacer. Pour que nous remplissions cette mission, nous avons besoin que le secteur privé investisse avec nous, en utilisant nos 50 milliards de dollars d’investissements publics pour mobiliser au moins 500 milliards de dollars de financement supplémentaire pour la fabrication et la R&D », a déclaré jeudi dernier la secrétaire américain au Commerce, Gina Raimondo, présentant sa vision de la mise en œuvre de la loi CHIPS and Science Act.
Au cours de son allocution, Gina Raimondo a annoncé que cette semaine, le département du Commerce lancera la première demande de financement CHIPS, axée sur les installations de fabrication commerciales. Cet argent incitera les entreprises à fabriquer des semiconducteurs sur le sol américain. Le Ministère publiera également une possibilité de financement pour les matériaux semiconducteurs et les installations d’équipement à la fin du printemps, et une autre pour les installations de recherche et développement au début de l’automne. Ces annonces contiendront des conseils détaillés, des processus et des délais pour que les organisations demandent des incitations CHIPS.
Extraits du discours du Gina Raimondo, intitulé « La loi CHIPS et une vision à long terme pour le leadership technologique américain », prononcé à la School of Foreign Service de l’Université de Georgetown pour illustrer les objectifs et la détermination de l’administration américaine dans sa politique industrielle dans les semiconducteurs
Le constat
« En 1990, les États-Unis représentaient 37% de la capacité mondiale de fabrication de puces. Aujourd’hui, cette part n’est plus que de 12%. Nous fabriquions autrefois presque tous les semiconducteurs les plus avancés au monde. Aujourd’hui, nous n’en fabriquons aucun. Taïwan produit à elle seule 92% des puces de pointe du monde, même si la majorité d’entre elles sont encore basées sur une technologie créée aux Etats-Unis, avec un financement fédéral. En 2001, les États-Unis comptaient plus de 300 000 travailleurs dans la fabrication de semiconducteurs. Au cours des 20 dernières années, nous avons perdu un tiers de ces emplois alors que la taille de l’industrie mondiale des semiconducteurs a plus que triplé ».
Ses conséquences
« Cette atrophie manufacturière a de réelles conséquences. Pour commencer, c’est une menace pour notre sécurité nationale. Un grand nombre de nos capacités de défense – comme les armes hypersoniques, les drones et les satellites – dépendent d’un approvisionnement en puces qui ne sont pas actuellement produites en Amérique. Notre dépendance vis-à-vis des chaînes d’approvisionnement étrangères en semiconducteurs nuit également à notre économie. En 2021, les prix des voitures ont augmenté de près de 30% et étaient responsables d’un tiers de l’inflation induite, tout cela parce que nous n’avions pas assez de puces. Pendant ce temps, au cours des deux dernières années, la Chine a abrité plus de 80% de la nouvelle capacité mondiale pour certaines puces matures, et leur part de marché ne cesse de croître ».
Le CHIPS and Science Act
« La loi CHIPS a alloué 39 milliards de dollars pour des incitations à la fabrication afin d’encourager les entreprises à construire et à se développer. Voici les objectifs que nous visons à atteindre d’ici 2030 : Premièrement, l’Amérique concevra et produira les puces les plus avancées au monde sur nos côtes. Nous sommes toujours à la pointe du design, mais cela ne suffit pas. Plus précisément, les États-Unis auront au moins deux nouveaux groupes à grande échelle d’usines logiques de pointe ».
« Les 39 milliards de dollars d’incitations ramèneront la fabrication de semiconducteurs aux États-Unis, mais un écosystème de R&D robuste le maintiendra ici. C’est pourquoi nous allons investir 11 milliards de dollars pour construire un solide écosystème de R&D dans le domaine des semiconducteurs afin de générer les idées et les talents dont nous avons besoin pour soutenir ces efforts. Le cœur de ces investissements sera la création du National Semiconductor Technology Center. Le NSTC sera un partenariat public-privé ambitieux ».
Pas de course aux subventions
« Plus important encore, nous ne visons pas l’autosuffisance ni ne cherchons à nous isoler des marchés mondiaux ou de la concurrence. Cela signifie être transparent avec nos alliés et développer des stratégies en collaboration avec eux. Cela, à son tour, rendra nos chaînes d’approvisionnement combinées plus résilientes et diversifiées. Cela nous empêchera tous de créer une course aux subventions ».
« CHIPS for America vise à stimuler les investissements privés à chaque étape, et non à les remplacer. Pour que nous remplissions cette mission, nous avons besoin que le secteur privé investisse avec nous, en utilisant nos 50 milliards de dollars d’investissements publics pour mobiliser au moins 500 milliards de dollars de financement supplémentaire pour la fabrication et la R&D ».
Former 100 000 techniciens au cours de la prochaine décennie
« Plus de 60% des emplois dans une fab ne nécessitent pas de diplôme universitaire. Pour répondre à cette demande, nous appelons les entreprises de semiconducteurs à travailler avec les collèges et lycées pour former 100 000 nouveaux techniciens au cours de la prochaine décennie grâce à des programmes d’apprentissage, de formation professionnelle et technique et de cheminement de carrière. Si nous n’agissons pas, les États-Unis auront un déficit estimé à 90 000 techniciens qualifiés d’ici 2030. Enfin, nous aurons besoin de plus de 100 000 travailleurs de la construction à travers le pays pour construire ces nouvelles fabs. Nous sommes au milieu d’une énorme pénurie de main-d’œuvre, et les travailleurs qualifiés qui combleront ces emplois n’ont jamais été aussi demandés ».
Discours intégral de Gina Raimondo
