L’électronique en force dans les 34 nouveaux projets lauréats du volet (re)localisation du plan « France Relance
Le gouvernement a annoncé 34 nouveaux projets lauréats de l’appel à projet « Résilience » du volet industrie du plan « France relance ». Tronico, EMS Proto, Ion Beam Services, SRT Microcéramique, Zadient Technologies font partie des lauréats, ainsi qu’Alsatis, Thales Sixt GTS, Sequans Communications et Alcatel-Lucent International pour la 5G. Revue de détail.
L’industrie électronique concentre ainsi plus d’un quart des nouveaux projets. 31 premiers projets lauréats avaient déjà été annoncés en novembre 2020 dont sept concernaient l’électronique : Aledia, Cirly, Elvia PCB, Lacroix Electronics, Proto-Electronics, Scalinx et X-Fab (voir notre article).
Revue de détail des nouveaux lauréats en électronique :
Projets « AMBIMED » et « RECOME » | Tronico
Tronico conçoit et réalise en propre ou en sous-traitance des produits complexes à dominance électronique, en se spécialisant dans les petites séries à haute valeur ajoutée des marchés de l’aéronautique, du spatial, du transport et du médical. L’entreprise s’est fortement mobilisée pendant la crise sanitaire en réalisant l’électronique du respirateur Mak’Air. Les deux projets présentés par la société sont complémentaires. Le projet Ambimed vise à concrétiser l’ambition de devenir d’ici trois ans un leader européen dans la conception et la fabrication des dispositifs médicaux électroniques implantables les plus critiques (classe III), en renforçant son offre de production et de services associés.
Le projet Recome a pour but de maîtriser les étapes de fiabilisation de ces dispositifs et d’en accélérer la mise sur le marché pour tout l’écosystème de fabricants par la création d’un nouveau grade pour l’électronique médicale. Grâce à ces projets, les 439 emplois actuels du site de Saint-Philbert-de-Bouaine en Vendée seront confortés et 42 emplois supplémentaires seront créés d’ici 2026.
Projet « EMS » | EMS Proto
EMS Proto est une entreprise spécialisée dans le prototypage rapide de cartes électroniques pour accélérer les développements et les premières préséries de ses clients. Son projet consiste à relocaliser la fabrication de circuits imprimés et de la câblerie, et à lancer un programme de RDI sur des procédés moins polluants de fabrication de PCB. La crise sanitaire a marqué les limites du secteur électronique français, qui est aujourd’hui compétitif au plan international mais accuse une dépendance excessive pour les intrants essentiels tels que la câblerie et les plaques de PCB. Le prototypage rapide de qualité industrielle comme le pratique EMS Proto est en outre un atout pour la filière électronique, permettant d’accélérer la mise sur le marché des produits et de renforcer la réactivité de tout l’écosystème. Ce projet pourrait permettre la création de 10 emplois.
Projet « PIONEER » | Ion Beam Services (IBS)
IBS est spécialisée dans la fabrication de composants (composants de puissance et capteurs) et d’équipements micro/nano-électroniques. Grâce aux réductions de consommation énergétique qu’ils permettent, les composants de puissance sur matériaux Grand Gap (SiC, GaN) sont stratégiques pour la mobilité électrique et la conversion d’énergie renouvelable. Le projet d’IBS est de développer et fabriquer un nouvel implanteur d’ions pour la fabrication des composants de puissances et capteurs sur matériaux grand gap en 200mm. 19 emplois directs pourraient être créés et de nombreux fournisseurs nationaux et locaux devraient être sollicités, permettant ainsi de pérenniser une filière française d’approvisionnement et de sous-traitance pour la fabrication d’équipement pour la microélectronique.
Projet « CAPAFRANCE » | SRT Microcéramique
SRT Microcéramique est une PME du secteur de l’électronique, qui fait partie des deux seuls fabricants européens de condensateurs céramiques multicouches. Son projet vise à tripler la production de ces condensateurs, composants stratégiques présents dans tout système électronique et pour lesquels la France et l’Europe dépendent à 99% de fabricants américains et asiatiques. Le projet devrait permettre à l’entreprise d’augmenter considérablement son chiffre d’affaires et pourrait créer jusqu’à 35 emplois hautement qualifiés d’ici 2027.
Projet « FISIC » | Zadient Technologies
Zadient est une start-up du secteur de l’électronique dont le projet porte sur la création d’un outil industriel innovant permettant de fabriquer des tranches de carbure de silicium (SiC) sur le territoire européen. Le carbure de silicium fait partie des matériaux clés pour l’électronique de puissance et ses applications (véhicules électriques, télécommunications, industrie du futur). La production est actuellement largement dominée par les États-Unis, aucune production n’existe en France et très peu en Europe ; ce projet permettra donc de renforcer notre résilience. Le projet va permettre la création de 50 emplois directs et la réindustrialisation d’une usine inutilisée proche de Chambéry. À terme, les résultats du projet pourraient permettre à l’entreprise de créer jusqu’à 1000 emplois directs sur son site de production.
Rappel des projets liés aux applications industrielles de la 5G
Projet « 5G VERTICAL ISS » | Alsatis
Alsatis est une société basée à Toulouse, spécialisée dans l’aménagement numérique du territoire et les solutions visant la réduction de la fracture numérique. Son projet 5G Vertical ISS consiste à développer une solution verticale 5G interopérable, souveraine et sécurisée, en lien avec un écosystème d’entreprises françaises sur toute la chaîne de valeur télécoms. En déployant une plateforme d’expérimentation et de démonstration au sein du CHU de Toulouse, le projet vise à assurer la couverture 5G des bâtiments, à mettre en place des services de géolocalisation et une interopérabilité avec les réseaux existants. Dans le cas du CHU, cela permettra notamment de localiser à distance les équipements médicaux et leur disponibilité, les patients atteints d’Alzheimer, ou d’assurer la continuité des communications vitales durant le transfert de patients. Cette solution présente un intérêt particulier pour la cible directe du projet, les hôpitaux, mais aussi pour d’autres secteurs verticaux (sites industriels, entrepôts, bâtiments publics, etc.) où la souveraineté et la sécurité des réseaux est également primordiale. Jusqu’à 16 emplois pourront être créés d’ici 3 ans.
Projet « BEYOND 5G » | Thales SIX GTS
Le projet « Beyond 5G » est porté par Thales SIX GTS France, entreprise spécialisée dans le développement des solutions techniques logicielles et matérielles liées notamment au secteur des télécommunications, en partenariat avec Ericsson, Eurecom et l’Institut Mines Télécom. Ce projet a pour but de développer des outils permettant d’apporter rapidement des solutions souveraines et résilientes aux entreprises souhaitant diversifier les applications des technologies 5G et post-5G. L’interfaçage entre instituts de recherche et entreprises utilisatrices de la 5G de premier ordre est au cœur de l’ambition du projet. Les solutions développées par le projet permettront de faciliter l’application de la 5G au sein de l’économie française et européenne, et de renforcer la souveraineté de l’ensemble des secteurs industriels dont la dépendance aux technologies 5G est croissante. La mise en œuvre de ce projet permettra le recrutement de 59 emplois.
Projet « CRIIoT » | Sequans Communications
Sequans Communications est spécialisée dans la conception de circuits intégrés et plus généralement de solutions pour connecter les objets critiques en 4G et 5G. Le projet CriIoT (Critical IoT) a pour objectif de développer une solution permettant aux industriels, et plus particulièrement aux secteurs dits « verticaux », d’évaluer puis de déployer rapidement des solutions 4G/5G pour connecter leurs objets et optimiser et sécuriser leur usage. Le projet permettra par exemple d’expérimenter la récupération des données de vol d’un moteur d’avion ou de mettre en place des objets connectés à communications critiques dans le secteur ferroviaire. Ce projet répond aux exigences de diminution de la dépendance nationale ou européenne au regard des enjeux de sécurité et de télécommunications, d’autant plus qu’un ensemble de PME comme de plus grandes structures en seront parties prenantes. Le projet répondra aussi aux exigences en matière de transition numérique et écologique (développement de produits à basse consommation énergétique, développement numérique des territoires). L’entreprise pourra ainsi conforter ses 239 emplois et créer d’autres emplois sur tout le territoire, notamment 5 en Ile-de-France.
Projet « EURO-CDIC » | Alcatel-Lucent International
Le projet EURO-CDIC est porté par Alcaltel-Lucent International, filiale du groupe finlandais Nokia. Le projet cible la sécurisation des réseaux de télécommunication, un enjeu fort pour les réseaux 5G, de plus en plus virtualisés, inscrits dans une logique cloud, et particulièrement sensibles aux attaques cyber. Pour cela, le projet vise à créer un centre européen d’expertise technologique R&D « cybersécurité de réseaux ». Il s’articule autour de 2 axes : la création d’un modèle de services de cybersécurité et la mise en place de services de consulting en la matière pour les clients français et européens. Nokia permettra ainsi aux technologies liées à la 5G de croître en leur offrant une solution de sécurisation rapidement commercialisable. Les perspectives d’emploi sont importantes, avec un potentiel de 112 créations d’emplois d’ici 2022, dont 97 à Lannion.
65 projets de (re)localisation pour un montant total d’investissements industriels de plus d’un milliard d’euros
Tous secteurs confondus, les 34 nouveaux projets lauréats totalisent 128 millions d’euros d’aides publiques qui viendront soutenir près de 333 millions d’euros d’investissements industriels. Ils représentent un potentiel de plus de 1100 créations d’emplois industriels directs et permettraient d’en conforter près de 3000.
Au total, ce sont désormais 65 projets de (re)localisation qui sont soutenus par le plan « France Relance », à hauteur de 268 millions d’euros, pour un montant total d’investissements industriels de plus d’un milliard d’euros. Près de 3000 emplois industriels directs devraient être créés par la concrétisation de ces projets, et 7000 emplois confortés.
Ces projets lauréats s’inscrivent dans le cadre des dispositifs mis en place par le gouvernement pour redévelopper des productions en France dans des secteurs jugés critiques :
Dans le cadre de « France Relance », un appel à projets doté d’une enveloppe totale de 600 millions d’euros est consacré à la relocalisation des projets dans des secteurs critiques : santé, agroalimentaire, électronique, intrants essentiels de l’industrie (chimie, matériaux, matières premières, etc.), et applications industrielles de la 5G. D’abord ouvert du 31 août au 17 novembre 2020, cet appel à projets a été renouvelé au titre de l’année 2021. Les projets peuvent être déposés sur la plateforme dédiée de Bpifrance. Ce dispositif sur des secteurs critiques s’ajoute au « Fonds d’accélération des investissements industriels dans les territoires » à l’échelle des « Territoires d’industrie ».
Un appel à manifestation d’intérêt (AMI), doté d’une enveloppe de 160 millions d’euros issue du Programme d’investissements d’avenir (PIA), pour renforcer la capacité nationale et européenne à faire face à des crises sanitaires, particulièrement en ce qui concerne la fabrication de médicaments impliqués dans la prise en charge des patients atteints du Covid-19.
Le plan « France Relance » mobilise près de 35 milliards d’euros en faveur de l’industrie, avec une feuille de route structurée autour de quatre axes : décarboner, (re)localiser, moderniser et innover.