Sébastien Dauvé : « digitalisation, appros : comment repenser l’électronique après la crise sanitaire »
Directeur du CEA-Leti depuis le 1er juillet 2021, Sébastien Dauvé a également pris à cette date la présidence de Jessica France-Cap’tronic, organisme qui accompagne les entreprises françaises dans l’intégration de solutions électroniques et de logiciel embarqué dans leurs produits et leur process de production. Il présente dans cette tribune éditée par l’association comment Cap’tronic compte accompagner en 2022 les entreprises dans leurs innovations dans un contexte de transformation numérique et de persistance de problèmes d’approvisionnement en composants.
Sébastien Dauvé, vous avez pris la présidence de Cap’tronic le 1er juillet de cette année, pouvez-vous vous présenter et faire un point sur Cap’tronic ?
Mon parcours m’a amené à évoluer dans le domaine des technologies de l’électronique depuis plus de vingt ans, d’abord à la DGA (Direction Générale de l’Armement), puis au CEA-Leti – le laboratoire d’électronique et de technologie de l’information du CEA. La diffusion de l’électronique dans les applications traditionnelles fait partie de mes sujets de prédilection, avec un réel intérêt à mettre en lumière ce qu’apportent les nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle ou la 5G. J’arrive à la présidence de Cap’tronic après avoir déjà collaboré avec l’association pour accompagner des partenaires industriels sur des enjeux d’industrialisation des innovations et de transfert de technologie.
Cap’tronic détient une expertise pointue et éprouvée des systèmes électroniques et accompagne les entreprises, PME, ETI et grands groupes, pour concrétiser leurs innovations électroniques et IoT. Ce que nous avons désormais formalisé dans nos deux offres Cap’produit et Cap’process. Nous proposons également tout un bouquet de formations techniques et métiers à travers une troisième offre, Cap’competence. Aujourd’hui, l’équipe de Cap’tronic compte une quinzaine d’ingénieurs experts qui interviennent dans toute la France.
Ces deux dernières années ont été synonymes de beaucoup de changements, un nouveau positionnement en pleine crise sanitaire, quel bilan faites-vous de cette période ?
Avant la crise sanitaire, la digitalisation des activités était amorcée dans la plupart des secteurs. Il s’agit d’un véritable mouvement de fond poussé par de nouvelles technologies comme la 5G ou de façon plus générale les technologies liées à la connectivité. La crise sanitaire a eu un double effet : elle a accentué le besoin d’accélérer cette digitalisation des activités, mais elle a aussi engendré une forte perturbation des chaînes d’approvisionnement de composants électroniques. Les entreprises de toute taille sont affectées et les fronts d’actions ne manquent donc pas pour Cap’tronic pour supporter ces partenaires qui cherchent à résoudre leurs problèmes d’approvisionnement mais aussi à progresser dans leur transformation numérique, malgré ces aléas.
Afin de s’adapter à ce nouveau contexte, Cap’tronic s’est mobilisé en 2020 et 2021 pour développer et formaliser davantage son offre, notamment par le biais de la certification Qualiopi décrochée pour le process de formations.
L’association s’est également ancrée en région afin d’offrir une réelle proximité aux entreprises. Nous avons renforcé les synergies avec les Régions Normandie, Pays de la Loire, Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Occitanie et Nouvelle Aquitaine, fortement impliquées dans le soutien aux PME. Cap’tronic fait aujourd’hui partie de leurs partenaires privilégiés.
Un certain retour à la normalité est en place, mais les besoins et les attentes des entreprises ont évolué, comment Cap’tronic prévoit 2022 ?
Selon les analystes, le retour à la normale est plutôt attendu pour 2023. D’ici là, les entreprises se trouvent fragilisées par les problèmes d’approvisionnement de composants, mais aussi une carence de candidats à de nombreux postes qu’elles cherchent à pourvoir dans le domaine. C’est pourquoi il faut aujourd’hui revoir la façon de « faire de l’électronique », qui n’est plus cette commodité toujours disponible.
Les entreprises peuvent travailler plusieurs axes pour s’adapter : restructurer leurs approvisionnements et mutualiser les plus stratégiques, revoir certains produits pour trouver des alternatives en termes de cartes électroniques, se convertir à « l’électronique frugale » autour des questions de basse consommation et de cycle de vie qui vont se traduire par une évolution croissante du cadre réglementaire. Sans oublier de capitaliser sur les tendances d’avenir telles que l’IA sur le plan technologique, ou l’affirmation de la souveraineté électronique sur le plan stratégique qui concerne toute la filière.
Cap’tronic s’attache à rester à l’écoute des besoins des entreprises françaises sur tous ces enjeux, pour les accompagner vers des solutions constructives. Et c’est une tâche d’ampleur pour 2022, et les années à venir !
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Le programme Cap’tronic, porté par l’association Jessica France, a été fondé il y a 30 ans par le CEA et Bpifrance. La mission de Cap’tronic, en qualité d’expert en électronique, est d’accompagner en toute neutralité les entreprises françaises dans la transformation numérique de leurs produits et process de production grâce aux systèmes électroniques connectés. Elle est mise en œuvre par une équipe de 15 ingénieurs, répartis sur tout le territoire national, au plus près des entreprises locales et bénéficie du soutien des dispositifs de financement régionaux.
Cette mission se décline en deux types de services :
– L’accompagnement : réalisé par les ingénieurs-conseils Cap’tronic, présents en région, ils portent sur les produits (Cap’produit) ou les process de production (Cap’process) des entreprises françaises.
– les formations (Cap’competences) : organisme de formations certifié Qualiopi, Cap’tronic dispense chaque année près de 100 sessions partout en France et à distance. L’offre de formation, orientée électronique et logiciel embarqué, est composée de thématiques techniques (machine learning, LoraWan, Bluetooth, Risc-V, NB-IoT, cybersécurité…) et métiers (méthode agile, test driver development, aide à la rédaction d’un cahier des charges…).