Nez électronique : le Grenoblois Aryballe Technologies lève 2,6 M€
Innovacom annonce un investissement, via son fonds Technocom 2, dans la société Aryballe Technologies dans le cadre d’un premier tour de table de 2,6 millions d’euros. Fondée en 2014, cette start-up grenobloise issue du CEA-CNRS a créé le premier capteur olfactif universel. Grâce à ses nano-capteurs biochimiques, ce nez électronique imite les mécanismes de l’odorat humain.
Cette première levée de fonds, réalisée aux côtés d’un Family Office, du CEA-CNRS via le CEA Investissement, du Hardware Club et de Bruno Maisonnier via son holding personnel, va permettre à la jeune entreprise de financer sa croissance et de lancer l’industrialisation de son prototype NeOse.
Deux ans après sa création, la jeune pousse innovante a mis au point NeOse : le premier capteur d’odeurs universel qui imite les récepteurs olfactifs humains. Ce dispositif portatif, qui tient dans la main, aspire les odeurs via un ventilateur. Les molécules vont ensuite venir se fixer, par affinité, à la surface de nano-capteurs embarqués. Ce sont ces nano-capteurs qui imitent les récepteurs olfactifs humains. Une fois les molécules des odeurs fixées, une photo sera saisie de manière à transformer l’odeur en signature visuelle sous forme d’un code barre. Les informations collectées sont ensuite envoyées, grâce à une puce, vers la base d’odeurs d’Aryballe en constante progression – 150 odeurs à date – puis analysées pour trouver l’odeur associée à la signature visuelle. La mise sur le marché de la version professionnelle de NeOse est prévue pour début 2017.
Mesurer l’odeur… voilà la prouesse scientifique et technique que veut réaliser Aryballe Technologies. En créant Aryballe en 2014, Tristan Rousselle, fondateur de PX’ Therapeutics, start-up spécialisée dans la bioproduction de protéines thérapeutiques rachetée par les laboratoires Aguettant en 2012, Delphine Pau, ex-DRH de PX’ Therapeutics, Thierry Livache, pharmacien et ex-directeur de recherche au CEA et Sam Guilaumé, fondateur de Movea, leader des technologies de capture et d’analyse du mouvement, souhaitaient tout d’abord apporter une solution aux personnes atteintes d’anosmie. Ce trouble de l’odorat, qui touche de 1 à 2% de la population et 15% dans le segment des personnes âgées, représente un marché estimé à 1 milliard de dollars d’ici à 2020. En ce sens, la société a d’ores et déjà conclu un partenariat dans le domaine médical, notamment en vue du développement de ce dispositif d’assistance.
« Nous ne redonnons pas l’odorat aux personnes atteintes d’anosmie mais nous leur donnons des réponses objectives sur les odeurs qui les entourent comme celle des fleurs, de la nourriture, de l’hygiène mais aussi des indications qui peuvent assurer leur sécurité comme pour les odeurs de brûlé, de gaz ou de feu par exemple », précise Tristan Rousselle.
Si le premier marché visé est celui des personnes atteintes d’anosmie, les champs d’application de la technologie développée par Aryballe sont multiples : environnement, détection de pathologies, industrie… Toujours dans le domaine médical dans le cadre de la détection de certaines maladies associées à des odeurs caractéristiques et qui pourraient ainsi être décelées à un stade précoce. Dans les domaines environnementaux et industriels pour la détection et la meilleure gestion des nuisances olfactives, pour la détection de polluants et composés organiques volatils ou encore dans le cadre de contrôles dans l’industrie agro-alimentaire. Côté grand public, l’installation de capteurs d’odeurs dans un réfrigérateur permettrait de contrôler et de gérer la conservation des aliments. « Marché du confort personnel et corporel, parfumerie, sécurité à domicile : il reste encore un grand nombre d’applications à inventer ! » se réjouit Delphine Pau, co-fondatrice d’Aryballe.
Outre de premières évaluations de sa technologie par des industriels des domaines de l’environnement et de l’électroménager, Aryballe a également conclu un accord de distribution avec une société japonaise.