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La politique industrielle rebat les cartes dans l’industrie des semiconducteurs

La politique industrielle rebat les cartes dans l’industrie des semiconducteurs

L’année 2022 aura été marquée par le retour au premier plan de la politique industrielle dans l’industrie des semiconducteurs. Si l’Union européenne a été la première à dégainer dès février son Chips Act, sa mise en œuvre et la façon dont seront dépensés les 43 milliards d’euros d’investissements publics et privés ne sont toujours pas actées. Car ici comme ailleurs, ce sont les Etats-Unis qui mènent la danse.

La promulgation du CHIPS and Science Act par le Président Biden en août dernier a été le point de départ de déclenchement des hostilités pour restaurer la compétitivité des Américains dans la production de puces. L’adversaire est clairement identifié : les Etats-Unis feront tout pour empêcher l’innovation en semiconducteurs en Chine. Dès octobre, de nouvelles règles ont été édictées par le Bureau de l’industrie et de la sécurité (BIS) du Département du commerce américain qui risquent de bloquer de facto la production de puces avancées en Chine, que les fabricants soient chinois ou des multinationales étrangères. Cette politique américaine particulièrement agressive vis-à-vis de la Chine prend le risque de faire perdre des milliards de dollars à l’industrie des semiconducteurs. Les fabricants de machines de production de puces, tels Applied Materials ou Lam Research, évaluent chacun à plus de 2 milliards de dollars le manque à gagner sur leurs exportations en Chine en 2023. Mais ce sont également les usines des fabricants internationaux en Chine qui sont visées. Ainsi, le Coréen SK hynix a déclaré à l’automne qu’il ne pouvait exclure de devoir fermer à terme son usine de Drams en Chine s’il ne pourra l’équiper pour produire dans les technologies les plus avancées. Certains analystes estiment même que le fabricant de mémoires chinois Yangtze Memory Technologies risque désormais de devoir quitter le marché des produits Flash NAND 3D d’ici 2024 après son placement officiel sur la liste des entités stigmatisées par le département américain du Commerce le 15 décembre. De son côté, la Chine n’est pas restée les bras ballants et, selon Reuters, le pays prépare un programme de soutien de plus de 1000 milliards de yuans (143 milliards de dollars) pour son industrie des semiconducteurs, dans une étape majeure vers l’autosuffisance en puces et pour contrer les mesures américaines visant à ralentir ses avancées technologiques.

Au-delà de la guerre larvée entre les Etats-Unis et la Chine et des prétentions de l’Europe de revenir dans la partie, le Japon s’est également engagé dans un plan pour produire en technologie 2 nm  à l’horizon 2027 avec la création de Rapidus. Huit grandes entreprises japonaises – Toyota, NTT, Sony, NEC, SoftBank, Denso, Kioxia et MUFG Bank- sont impliquées dans cette création soutenue par le Meti et qui fera appel à IBM et à l’Imec pour sa R&D.

Côté français, Emmanuel Macron a présenté le 12 juillet à Crolles le plan national « Électronique 2030» qui s’inscrit à la fois dans un cadre européen (European Chips Act, Projet Important d’Intérêt Européen Commun) et dans le plan France 2030. Il prévoit de mobiliser 16 milliards d’euros d’investissements publics et privés (dont 5,7 milliards pour le seul projet d’usine de ST et Globalfoundries pour le FD-SOI). 800 M€ d’argent public seront également consacrés à la recherche et l’innovation.

Si 2022 a été l’année du grand retour de la politique industrielle en semiconducteurs, 2023 transformera-t-elle l’essai ? La conjoncture ne devrait plus être favorable aux fabricants de puces cette année et la tentation devrait être grandissante pour qu’ils reportent leurs investissements. Fin décembre, un rumeur de la presse allemande prête à Intel l’intention de retarder la construction de sa future méga-usine de Magdebourg, figure de proue de l’European Chips Act, afin d’obtenir davantage de subventions. Nul doute de partout dans le monde, les marchandages avec les pouvoirs publics vont redoubler de plus belle.

POLITIQUE INDUSTRIELLE

Les Etats-Unis ont multiplié les initiatives de politique industrielle en semiconducteurs en 2022 pour affaiblir la Chine.

 

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