Rétrospective 2024 : l’année vue sous l’angle de la conjoncture

Même si 2024 a été marquée par un fort rebond du marché mondial des semiconducteurs après une année 2022 atone et une année 2023 en baisse, c’est le scenario inverse qui s’est produit sur le marché européen, à cause de la crise de l’industrie automobile.

Après les fusions/acquisitions, ce deuxième épisode de notre rétrospective 2024 est placé sous l’angle de la conjoncture.

Après avoir échappé de peu à une baisse en 2022 malgré une dégradation constante de la situation au fil des mois en seconde partie d’année, et après une année 2023 où la baisse a finalement été limitée à moins de 10% malgré une premier trimestre catastrophique, le marché mondial des semiconducteurs a bien rebondi en 2024.

Dans ses dernières prévisions, le WSTS évoque ainsi une croissance de l’ordre de 19% pour 2024, malgré un premier trimestre marqué par une dynamique moins bonne que prévu mais qui s’est franchement enclenchée à partir du deuxième trimestre. Cette reprise a essentiellement été portée par l’IA dont la dynamique n’a pas montré le moindre signe de faiblesse en 2024, comme en témoignent les résultats record des acteurs des semiconducteurs qui surfent sur cette vague, à l’image de Nvidia, bien sûr, mais également de Broadcom ou de Micron, pour ne citer que ces quelques exemples.

Alors que les Américains ont profité à plein de la vague IA en 2024, la situation sur le marché européen des semiconducteurs a été malheureusement tout autre. En 2023, les spécificités de l’Europe, davantage axée sur l’industriel, l’aéronautique, la défense et l’automobile que sur les débouchés grand public, avaient permis au vieux continent d’être la seule région du monde à connaître une croissance de son marché des semiconducteurs. En 2024, c’est le scénario inverse qui s’est produit, en étant la seule région du monde en baisse (voir tableau ci-dessous).

Déjà perçus dès le troisième trimestre 2023, les effets de la crise de l’industrie automobile européenne sont passés par là, avec son lot de restructurations, de plans d’économie et de suppressions d’emplois, notamment en Allemagne, liés à la difficulté des constructeurs européens à négocier le virage de l’électrique face à une feuille de route ambitieuse imposée par l’UE et à une concurrence chinoise particulièrement agressive.

Alors que l’automobile constitue la part la plus importante de leurs chiffres d’affaires, les ténors européens des semiconducteurs que sont Infineon, NXP et STMicroelectronics ont tous été lourdement impactés et ont annoncé des mesures pour faire face à la crise. A l’image de STMicroelectronics qui a annoncé, fin octobre, d’importantes « économies de coûts », ce qui n’a pas manqué d’inquiéter certains syndicats du groupe franco-italien.

En 2024, le marché français des semiconducteurs a suivi la même orientation à la baisse que le marché européen, avec des phénomènes aggravant tels que les difficultés rencontrées dans le secteur industriel et, bien sûr, l’instabilité politique dans laquelle se trouve le pays depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juillet dernier.

Toutefois, Acsiel Alliance Électronique, l’organisation professionnelle qui représente les fabricants de composants et systèmes pour l’industrie électronique en France, a dégagé quelques tendances positives au troisième trimestre 2024 avec, en premier lieu, une embellie sur le segment automobile qui a enregistré son niveau de facturations le plus élevé depuis le record historique du premier trimestre 2023.

Par ailleurs, le secteur de la Smartcard a montré sa résilience, tandis que le segment Défense/Aéronautique/Spatial a confirmé sa bonne dynamique. Ce dernier est d’ailleurs le seul à avoir connu une croissance en glissement annuel sur le cumul des trois premiers trimestres de 2024 (+7%). Enfin, même si l’informatique représente une faible part du marché français, celle-ci a bénéficié de la croissance des centres de données au niveau de la gestion d’énergie. A cela s’ajoute le fait que, selon Acsiel, l’industrie des semiconducteurs semble voir le bout du tunnel en termes de corrections d’inventaires.

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