Rétrospective 2024 : le point sur les investissements

L’an dernier, les fabricants de semiconducteurs ont moins investi dans leurs capacités de production qu’en 2023, malgré la forte demande en matière d’IA. En dehors des semiconducteurs, 2024 aura également été marquée par la mise en service de plusieurs usines ou extensions d’usines sur le territoire français, ainsi que par plusieurs projets de construction d’usines.

Après les fusions/acquisitions et la conjoncture, ce troisième épisode de notre rétrospective 2024 est consacré aux investissements.

Selon certains analystes, notamment le Nikkei cité par Trendforce, les principaux fabricants mondiaux de semiconducteurs ont légèrement réduit leurs investissements en 2024. Le total mondial des investissements aurait ainsi baissé de 2% l’an dernier pour s’établir à 123,3 milliards de dollars, selon le Nikkei, qui tablait initialement sur un total d’investissements de près de 133 Md$. Il s’agit de la deuxième année consécutive de baisse des investissements mondiaux dans les semiconducteurs.

Cette baisse qui intervient malgré la forte demande dans le domaine de l’IA, est liée à la faible demande et à la situation de surcapacité de production de semiconducteurs dédiés aux véhicules électriques et aux smartphones, et au fait que la demande, en dehors de l’IA, est reste modérée pour les autres débouchés. Par ailleurs, l’organisation Semi estime à environ 70% le taux d’utilisation des usines de semiconducteurs dans le monde, ce qui est particulièrement faible.

Nikkei souligne qu’en 2024, Intel a réduit son investissement à 25 Md$, au lieu des 30 Md$ initialement prévus. Pour Samsung Electronics, la baisse des investissements est certes moindre (35 Md$ au lieu des 37 Md$ initialement prévus) mais il s’agit de la première réduction des investissements de Samsung depuis cinq ans, principalement due à la faible demande de PC et de smartphones.

Autre exemple fourni par le Nikkei, celui d’Infineon qui a réduit ses investissements de 8% en 2024, à 2,9 Md$, par rapport à sa prévision initiale de 3,5 Md$, en raison de la faible demande de véhicules électriques en Europe.

A l’inverse, les entreprises qui se concentrent sur les semiconducteurs dédiés à l’IA ont continué d’investir massivement en 2024. TSMC s’est ainsi engagé à consacrer plus de 30 Md$ à l’augmentation de sa capacité de production de semiconducteurs pour l’IA l’an dernier, et devrait y consacrer 34 à 38 Md$ en 2025. De même, SK Hynix prévoit d’investir environ 70 Md$ d’ici 2028 pour développer sa capacité de production de mémoires pour l’IA.

@ Dracula Technologies

En dehors des investissements dans les capacités de production de puces, l’année 2024 aura également été marquée par la mise en service de plusieurs usines sur le territoire français. On notera par exemple les inaugurations des usines de Murata à Caen (14), de Matra Electronique à Venette (60), de Dracula Technologies (photo) à Valence (26) et d’Iten près de Lyon (69). Plusieurs sous-traitants ou équipementiers électroniques ont également investi dans leurs outils de production dans l’Hexagone l’an dernier, à l’image d’Atomelec, de Cobham Aerospace Communications, de FEDD, d’Emka Electronique, d’Eolane, de Selha Group ou de Thales, pour ne citer que ces exemples. Notons également les investissements importants réalisés par le câblier Nexans dans ses sites français.

Enfin, plusieurs projets de construction d’usines en France ont été annoncés l’an dernier. Citons par exemple celui d’UnitySC en Isère dans le test de semiconducteurs ou celui du groupe indien Polymatech qui va produire à Grenoble des substrats pour semiconducteurs. L’écosystème des batteries tend également à se développer en France, malgré la demande moins bonne que prévu de véhicules électriques. Verkor envisage ainsi de construire deux nouvelles gigafactories à Dunkerque, tandis que Bolloré étude la construction d’une gigafactory de batteries dans l’Est de la France. Parallèlement, le Français Orano et le Chinois XTC New Energy ont annoncé la création officielle de deux coentreprises dont l’objectif est de construire deux usines de composants de batteries pour véhicules électriques et une usine de recyclage dans le Grand port maritime de Dunkerque.

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